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Des sciences politiques au master de droit




Après trois années de licence de Science Politique à l’ICES, il m’avait été demandé de choisir mon orientation pour l’année qui allait suivre. En regardant l’offre du master « Relations internationales » et après plusieurs expériences en politique, j’avais envie de faire autre chose. Mes intérêts étaient ailleurs. Passionnée par les disciplines juridiques de ma licence, je choisi un master de droit, droit international.


Pourquoi du droit ? Il est vrai que ma licence de Science politique axée sur les relations internationales était très intéressante et m’avait permis d’ouvrir mon esprit au monde, aux conflits interétatiques, intra-étatique. En bref, elle m’avait permis de développer ma culture générale. Pourtant, mon esprit rigoureux demandait plus de cadre. Le cadre et la rigueur juridique, les syllogismes mathématiques, la logique du domaine m’appelaient.

Pourquoi du droit international? C’est tout à la fois un choix stratégique que passionné. L’internationalité est une évidence pour moi, autant que pour beaucoup de politiste sortant de cette licence à l’ICES je crois. Un semestre en ERASMUS et les cours orientés « relations internationales », « géopolitique » etc. ne pouvaient que me rapprocher de cet aspect. Ce fut également un choix stratégique car le droit international semblait être la branche la plus proche de ma licence. Un master de droit fiscal aurait été comme me lancer dans le vide sans parachute selon moi.

Je tiens à préciser que chaque branche est unique et chaque expérience aussi d’ailleurs. Une personne aurait pu réussir en droit fiscal en sortant d’une licence de Science Politique et peut en avoir une expérience complètement différente.



Quels sont les aspects positifs de passer d'une licence de Science politique à un master de Droit international ? Deux avantages je dirais.

- Le premier tient d’une association de la logique politique et celle juridique comme vrai atout. Aborder des notions précises avec des définitions juridiques bien construites et les intégrer dans une logique philosophique, de Platon à Machiavel par exemple ; ou encore parler de droit humanitaire et des conventions sur l’utilisation d’armes entremêlée à la géopolitique du monde arabe permet de percevoir précisément ce que l’ordre international reproche à certains pays et ce qui créé les conflits. Le juriste et le politiste sont dans deux mondes différents et je parvenais à lier les deux grâce à mes formations universitaires. Deux formations qui me permettaient aussi de jongler entre deux définitions d’un même terme, entre le sens juridique et le sens philosophique – entre autres -, et de ce fait, en étudier la sémantique.

Au départ, j’avais une vision très politiste, politisée des sujets qu’il nous était donnés. « La protection des parties faibles en droit international », un sujet qui est une joie pour un politiste voulant montrer au grand jour ses opinions politiques. « Protection » ; « Parties faibles » ; « en droit » ; « international », dans un esprit politiste, c’est une vision globale de ces termes qui est systématique faite. Pourtant, le juriste n’attend ni opinion politique, ni vision globale, qui plus est, non fondée en droit. Le juriste impose une certaine rigueur et analyse des principes de droit où chaque définition a son importance. Une fois cette différence comprise, une combinaison astucieuse des deux domaines permet de faire de la touche politique la cerise sur le gâteau du corpus juridique avancé. C’est là qu’il est alors possible de décoller du point de vue intellectuel et purement universitaire. J’ai utilisé mes acquis de licence à bon escient pour avancer et me surpasser, c’est un certain avantage face à d’autres étudiants.


- Le second avantage fut mon état d’esprit : de la persévérance et de la volonté mises à rude épreuve. Rien n’est impossible et quand on veut, on peut – au-delà même de la grande rhétorique, ce sont des mots qui m’ont poussé à dépasser mes maux. -

Je le savais, sortant d’une licence de Science politique, j’étais forcément inférieure du point de vue de la connaissance et de la méthode juridique que l’ensemble de mes collègues d’amphithéâtre. –Pour donner une idée, dans ma promotion de trois cent étudiants, deux venant de licence de langues étrangères appliquées et j’étais la seule venant de Science politique, par exclusion des étudiants de Droit ayant pris Science politique en troisième année. – Partant de là, si je voulais réussir, j’allais devoir me surpasser. Contrairement à bon nombres d’étudiants qui venaient de droit et qui pensaient pouvoir se reposer sur leurs acquis juridiques, je travaillais d’arrache-pied pour rattraper mon retard et ce, depuis le mois d’août. Je suis sortie de ma première année de master avec quelques lacunes certes, mais un stage en cabinet d’avocat a clôturé ma remise à niveau.



Les difficultés ? Les difficultés étaient présentes et je l’admets, cette année est démoralisante mais avec rigueur et volonté, cela est possible. Par exemple, lorsque les professeurs jugeaient qu’un étudiant ne validera jamais son année sans se rappeler d’un certain arrêt fondateur alors que moi- même je n’en avais jamais entendu parler, c’est psychologiquement difficile. Pour réussir, j’ai commencé mon année officieusement en Août, j’ai épluché tous les livres de droit des obligations de deuxième année de licence de droit, annoté tous mes cours de définition, d’arrêts qu’un juriste est censé connaître en master. Aussi, il faut admettre que l’aide des autres étudiants ou professeurs est essentielle, j’ai demandé des TD supplémentaires à mes chargés de TD pour réussir par exemple, en plus des livres qu’ils me recommandaient.

En bref, la rigueur et la curiosité, l’autodiscipline et la volonté sont essentielles à la réussite.



Pour conclure, il ne faut pas avoir froid aux yeux pour se lancer dans un master de Droit après une licence de Science Politique. D’autant plus qu’il faut le savoir, la sélection se fait en première année de master en Droit. Je le répète, cela n’est pourtant pas impossible : j’ai validé avec une bonne moyenne et ai été accepté en master II. S’il est souvent dit que de la licence au master il y a une marche énorme, pour moi elle l’a été encore plus. En un an j’ai beaucoup appris du point de vue de la connaissance universitaire mais aussi au niveau de moi-même. Ce fut une année d’introspection personnelle intense où j’ai grandi et mûri, j’ai découvert que l’esprit a une force incroyable. A tous les étudiants qui hésitent entre Science politique et Droit, je leur dis de faire ce qui leur plaît au moment T. Si l’envie leur prend de changer d’orientation, rien n’est impossible. Ne vous bridez pas vous- mêmes ayez confiance en vos choix et surtout croyez en vos rêves.


Melissa Bensid


Article paru dans la Ruche 6 — octobre 2018

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