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Le pari risqué des élections anticipées de Boris Johnson



A la recherche d’une majorité pour légitimer le Brexit

Cela faisait déjà plusieurs mois, depuis son arrivée au 10 Downing Street, que le premier ministre britannique Boris Johnson cherche à mettre en place des élections législatives anticipées. Le premier ministre tente de débloquer la situation difficile qui entoure les négociations du Brexit. Par de nouvelles élections, Johnson espère qu’une majorité lui permettra de mener à bien la sortie des britanniques de l’Union Européenne, sous les termes de l’accord négocié avec Bruxelles ces derniers mois. C’est pourtant quitte ou double pour le premier ministre et son parti…


Le mardi 29 octobre dernier, à 438 voix contre 20, les députés britanniques comme la chambre des communes ont voté en faveur d’un texte déposé par Boris Johnson pour l’organisation d’élections anticipées qui auront lieu le 12 décembre prochain. C’est la quatrième tentative de demande d’élection anticipées par Johnson. En effet, le premier ministre ne dispose pas d’une majorité solide au parlement qui lui permettrait de traduire l’accord passé avec Bruxelles concernant la sortie de l’Union dans le droit britannique. L’opposition s’est montrée, ces derniers temps, active à mener une sorte de « guérilla » contre le premier ministre et bloquant le projet. La dissolution aura lieu le 6 novembre et les dés seront alors jetés pour le premier ministre. Les élections anticipées peuvent être à double tranchant, comme pour Theresa May qui, pensant renforcer sa majorité, avait simplement rendu la tâche du Brexit plus difficile.


Un nouveau référendum concernant le Brexit


La date de ces élections n’est pas favorable pour Johnson. L’hiver n’est pas propice à une implication accrue des citoyens dans les meetings politiques ni dans une campagne électorale de 5 semaines que le premier ministre mènera avec férocité. Heureusement pour lui, le parti des travailleurs, labour, a exprimé son ralliement à Boris Johnson étant donné que celui-ci a pu négocier avec Bruxelles, un report de la sortie du pays à la fin du mois de Janvier 2020, le dernier selon Donald Tusk. En revanche, selon les dernières estimations, les Tories, parti de Boris Johnson, risque de perdre des sièges en faveur des libéraux-démocrates présents dans des circonscriptions pro remain, mais aussi face au parti national Ecossais, lourde opposition au Brexit. Ces nouvelles élections apparaissent alors comme un nouveau référendum sur le Brexit aux vues des conséquences qu’elles auront sur l’avenir de la Grande-Bretagne.


Des élections qui pourraient enfin débloquer la situation actuelle


Sans majorité absolue, la transcription des négociations concernant la sortie de la Grande-Bretagne sont devenues difficiles et presque impossibles. Le parlement n’a pas réussi à adopter un plan de sortie de l’Union Européenne ce qui bloque une situation déjà tendue entre Londres et Bruxelles. Une forte majorité permettrait alors à Boris Johnson de faire passer l’accord négocié avec Bruxelles et de sortir d’ici au 31 janvier 2020. En cas d’échec, ce qu’espère les autres partis britanniques, la sortie de l’Union Européenne serait encore sur la table pour un moment. Ces élections anticipées sont donc un risque pour Boris Johnson qui pourrait voir toutes ses négociations, dont celles pour le statut particulier de l’Irlande du Nord s’effondrer. L’opposition pourrait alors avoir une chance de faire pencher la balance de son côté et pourrait ainsi, proposer un nouveau référendum afin d’annuler la sortie de l’Union.


Double enjeu donc pour le premier ministre britannique qui n’a pas tenu sa promesse de sortie de l’Union Européenne en octobre, avec ou sans accord. Cela sera certainement une campagne acharnée, ambitieuse et radicale où les pro remain et les pro leave s’affronteront pour légitimer la sortie britannique de l’Union.


Aurore LAGOINHA

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