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Le plastique : défi public numéro 1

Depuis les années 1980 le plastique est devenu une problématique gouvernementale ; certains le dénommant comme la « maladie de la mer », il est aujourd’hui au cœur de nos préoccupations. Au-delà du problème écologique suscité par celui-ci, le plastique constitue une menace sanitaire pour l’humanité. C’est pourquoi les différents états ont décidé, de mettre en place des politiques communes, afin de réduire sa production, et d’en maximiser le recyclage et/ou la valorisation. C’est dans cette logique, qu’au 1er janvier 2020 en France, une liste de 10 produits plastiques à usage unique seront interdits ; à l’image des pailles, des cotons tiges et des couverts plastiques. Une mesure donnant suite à la directive européenne votée en octobre 2018 par le parlement dans le cadre de la loi du 8 août 2016 pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages.



Face à cette montée au créneau des politiques, faut-il vraiment s’inquiéter de la menace plastique ?


En 2019 on estime que chaque année, une personne engendre 138kg de plastiques, un chiffre gargantuesque qui n’est rien face au monceau incalculable de plastiques qui tapissent nos océans. En effet on estime aux environs de 5000 milliards de tonnes le nombre de déchets plastiques dans nos océans dont 80% proviennent directement de la production terrestre, alors transportés par les fleuves et rivières jusqu’aux embouchures, se déversant dans les mers. Cette quantité astronomique n’est pas sans conséquence, car même si nul n’ignore les conséquences de cette pollution sur la biodiversité certains n’en déduisent pas les conséquences directes sur notre santé et ce, sans vivre au sein des îles poubelles au large de Manille. De fait, le plastique est tout d’abord un matériau qui se désagrège, entrainant une consommation de plastique par les poissons, qui le confondent avec du plancton, de plus le plastique est un matériau qui absorbe les produits chimiques ainsi, via les poissons, et les fruits de mer que nous consommons, le plastique s’insère dans la chaine alimentaire, et nous atteint donc directement.


Mais, quels sont les risques pour notre santé ?


Le plastique contient une abondante quantité de perturbateurs endocriniens et, autres produits peu sanitaires. Ceux-ci ont des conséquences directes sur notre santé, ce qui ne manque pas d’inquiéter l’OMS ; ainsi l’on remarque des problèmes hormonaux aboutissant à des problèmes de développement de croissance chez les enfants exposés. Le plastique est aussi très cancérigène, il peut conduire à l’infertilité, tous les contenants plastiques (bouteilles, gobelets) comportant des risques et ayant des effets nocifs.


Mais que pouvons-nous faire pour nous prémunir face à l’omniprésence du plastique dans nos vies ?


Il existe en effet des solutions pour remédier efficacement au problème du traitement du plastique. En effet la technologie nous a permis de dépolluer des zones telles que des cours d’eau via la bio remédiation et la phytoremédiation tandis que des nouveaux modes de transformation des déchets plastiques émergent. Une expérimentation à lieu au sein des porte-avions de l’US ARMY ou ils utilisent la pyrolyse pour les traitements des déchets ; une pratique transformant le déchet plastique en carburant. Cependant le véritable problème du plastique ne réside pas en un manque de connaissances ou de techniques pour le recycler, c’est sa collecte et sa revalorisation qui n’est aujourd’hui que de 27%, ce qui pose souci. Bien que de nombreuses entreprises et startup émergent celles-ci sont encore trop marginales. Bien que nous assistions à une véritable prise de conscience politique et publique les politiques publiques restent trop faibles, même si celles-ci tendent à progresser, le problème écologique reste la préoccupation d’avenir, et le plastique en enjeu écologique de haute envergure.


La difficile mise en place de politiques publiques curatives, préventives et mondiales :


En 1968 Garrett Hardin théorisait La tragédie des biens communs ; une théorie malheureusement en pratique de nos jours. Chaque acteur cherche la rationalité économique et la maximisation de ses gains, poussant ainsi inéluctablement les individus à une surexploitation des biens communs, et donc à leur pollution et dégradation. Un triste schéma actuellement à l’œuvre dans les Océans où l’horizon des rivages n’est plus que monticules de plastiques. Cependant cette approche pessimiste même si véridique fut critiquée par Elinor Ostrom prix Nobel d’économie en 2009 qui envisageait une approche optimiste présupposant l’utilisation des biens communs dans une démarche renouvelable. De fait, l’homme privilégie ses intérêts individuels, mais celui-ci est aussi capable de prendre en main la gestion de ses ressources. La clef au problème de pollution, et de dégradation serait l’adoption d’une approche ascendante via l’intervention d’individus et de communautés à proximité de cette ressource ; le problème viendrait ainsi de l’intervention de groupes externes visant leur propre intérêt. Ainsi la mise en place d’une gouvernance collective pourrait permettre d’irradier la surexploitation des ressources naturelles et leur dégradation : inclure les individus qui sont les premiers concernés à l’intervention gouvernementale.


Néanmoins, et malgré la prise de conscience générale, il apparait qu’en l’état, les conditions nécessaires à l’application de politiques publiques efficientes ne soient pas réunies. En effet, le véritable frein au développement durable ne relève pas de la volonté, de mesures, ou d’initiatives mais est un problème de mise en œuvre. Effectivement, même si certains états ont pris des mesures faces à cette situation (recyclage, revalorisation, collecte) leur mise en œuvre n’est pas à la portée de tous, et les pays incapables d’appliquer ces mesures sont bien souvent les plus pauvres et les plus pollueurs, ces actions restant de ce fait fortuit.

Clémence Arnaud

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