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Non, ni vous, ni moi n’allons sauver la planète…



Enfin, l’humain semble doucement prendre conscience qu’il n’a rien d’absolument surnaturel et que lui aussi, malgré son lobe frontal hypertrophié, fait partie d’un écosystème complexe aux interactions multiples. Quoiqu’il soit déplorable de constater qu’il aura fallu presque 400 ans à l’espèce humaine pour se rendre compte que la destruction de son substrat n’est pas une issue souhaitable (réflexion innée chez l’abeille ou la fourmi), l’Humanité semble aujourd’hui et pour la première fois depuis le début de l’industrialisation, accepter de regarder autour d’elle et ce qu’elle y trouve lui fait peur, très peur.


Pourtant, malgré les modifications rapides survenant actuellement dans notre écosystème, nous ne devons pas tomber dans une forme d’hystérie radicale, nous devons rester rationnels, objectifs et plus que jamais faire confiance à la science et à la fabuleuse capacité de résilience de la nature.


Effectivement, le passage, en quelques années seulement, de ce qui jusque-là était un sujet de recherche réservé aux experts, vers le premier plan de la scène politique, s’accompagne, malheureusement, d’un grand nombre de fantasmes, d’incompréhensions et surtout de récupérations idéologiques qui décrédibilisent cette cause fondamentale qu’est l’écologie. Ainsi, on a pu voir fleurir en quelques mois des manifestations, des actions de désobéissance civile, des conventions citoyennes, du green washing à tout va... Tout ça pour « Sauver la planète ».


Non, ni vous, ni moi n’allons sauver la planète, nous sauverons l’Humanité ou à la limite la biosphère. La planète sera là bien après l’extinction du dernier homme et traversera probablement encore de gigantesques ères glacières. Le principal problème de cette expression c’est qu’elle place, encore une fois, l’homme comme centre de l’écosystème, comme si celui-ci en possédait tous les savoirs et toutes les commandes. Décidément, nous avons du mal à accepter notre égocentrisme, après la déception théologique, puis héliocentrique, nous nous dirigeons probablement vers une déception écologique. Nous pensons que notre survie dans notre écosystème conditionne la survie de l’écosystème, alors que c’est tout le contraire.


Pire, et c’est peut-être la principale critique que nous pourrons faire des mouvements écologistes modernes, nous refusons de considérer l’écologie de manière froide, scientifique et rationnelle et nous ne pouvons nous empêcher de réfléchir de manière idéologique et sentimentale. Résultat ? Le développement d’un discours antiscience, apocalyptique, de plus en plus présent qui prêche une « décroissance », notamment populaire chez les jeunes. On en oublierait presque que c’est cette même « science » qui a permis à l’Humanité de se rendre compte de la modification rapide de son environnement et qu’il n’y a qu’elle qui lui permettra de diminuer son impact dans cette dégradation environnementale. La question écologique tend donc à trivialiser les opinions des plus influençables et cela même à l’intérieur du système éducatif qui se laisse progressivement pénétrer par l’idéologie autour de la question environnementale (Cf : le programme de SVT de Terminale.), laissant de côté la science, à la hauteur des âneries proposées par EELV.


Pas besoin d’attendre plusieurs générations pour constater les effets délétères de ce discours, ils sont déjà là : poursuite idéologique d’un « Tout renouvelable » qui a conduit l’Allemagne à réduire son parc nucléaire pour finalement débouché sur la réouverture de ses usines à charbon ; critique sans fondement de la politique nucléaire alors même que celle-ci est recommandée par le GIEC pour soutenir la transition écologique ; fermeture et diminution des crédits alloués aux projets de recherche sur les nouvelles générations d’EPR ; émergences de mouvements décroissants tels qu’Extinction Rebellion qui voit dans la question écologique une manière de remettre au gout du jour leurs aspirations communistes ; communication anxiogène et hystérie collective autour de la question des pesticides malgré la qualité quasi irréprochable de l’alimentation en France ; pression des lobbies « bio » comme Générations Futures et Synabio visant à manipuler l’opinion publique et à faire pression sur les politiques en faveur d’intérêts financiers évidents ; mise en avant d’un programme politique environnemental profondément irréaliste, sauf à vouloir causer une apocalypse économique sociale et politique…


Nous devons refuser la simplification idéologique, développer l’esprit critique et scientifique chez les jeunes, ne plus perdre notre rationalité devant un vert pomme et deux trois formules culpabilisantes.


Etienne Le Reun

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