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Témoignage d'un ancien icessien à la City


Maxime Le Guyader a effectué sa licence de sciences politiques à l'ICES (2014-2017), avec un erasmus aux Pays-Bas. Après sa licence, il a décidé de partir pour l'Angleterre.


J’ai toujours considéré que voyager était une des choses les plus fondamentales qui soit pour comprendre le monde et arrêter de parler du monde. J’adore aussi discuter avec des gens d’ailleurs, ça me fait rêver. Si on ne voyage pas on ne comprend pas la culture du pays, et encore moins les gens qui y vivent. Avant d’apprendre des choses dans les livres il faut surement d’abord les vivre pour ensuite prendre du recul. Prendre du recul avant d’avoir compris ce qu’était la réalité des choses risque de nous laisser un avis amer ou fantasque de la vie qui se passe de l’autre côté. J’aime beaucoup Jeremy Bentham pour cette raison. Son fer de lance appuie la nécessité d’expérimenter pour comprendre pleinement le monde qui existe aujourd’hui. Le savoir prend forme lorsqu’il est vécu ou mis en acte sous peine de ne faire qu’une image d‘une réalité mouvante. En d’autres termes il n’existe pas de connaissance sans expérience selon Bentham.


Trois objectifs


Tout juste parti à Londres, j’avais dessiné 3 objectifs :

- Rencontrer la communauté indienne Londonienne qui avoisine les 540 000 habitants avant de partir en voyage humanitaire en Inde, aux alentours de Mars 2017 (projet que j’ai décidé de reporter)

- Développer mon anglais et me rendre employable dans un contexte international

- Découvrir le monde professionnel et enrichir mon CV


En 10 mois j’ai travaillé respectivement comme staff de cuisine (3 semaines), Serveur (1 mois), Employé en Auberge de Jeunesse (2 mois) et Chasseur de tête (6 mois). J’ai validé deux de mes objectifs : celui de parler couramment anglais et d’obtenir une expérience professionnelle enrichissante et professionnalisante. Lorsque je suis arrivé, j’habitais chez l’habitant avec un hôte des plus sympathiques qui s’appelait John, au Nord de Londres. J’ai travaillé entre une cuisine et un bar, pour me faire suffisamment d’argent (smic à 7,5£), sortir, découvrir Londres et faire la fête. La ville est magnifique, mais mieux vaut avoir de l’argent pour être en mesure d’en profiter. Facile de comprendre que Londres a plus à offrir que la Roche-Sur-Yon, c’est avant tout un sentiment de liberté où tout est possible. Nos idées peuvent prendre forme car le champ des possibles est ouvert, attention cependant à ne pas trop travailler. En effet on peut travailler autant que l’on souhaite donc on peut vite en venir au métro-boulot-dodo dû à une semaine de 60 heures (milieu de la restauration/bars). Il est préférable de se recentrer sur les choses essentielles, pour profiter de la ville, si dynamique et hétéroclite. Attention tout de même à ne pas se laisser prendre par l’effervescence, il faut peut-être préférer s’investir dans une association régulièrement (meilleur moyen de se faire des amis hors travail), choisir une bonne colocation (Application SpareRoom) ou une chambre chez l’habitant (cf site internet Homestay), bien située. Londres c’est comme Paris, il y a Saint-Denis, et le 9ème arrondissement avec tous la magnifique Eglise Sainte Trinité, les beaux magasins comme Printemps. Pareil pour Londres il y a Poplar, et Notting Hill où l’on trouve le palais de Kensington, de magnifiques parcs et petits pubs de quartier.


Barème des prix du logement à Londres


-> 300£-500£ = chambre à partager avec une autre personne ou chambre « single bed » insalubre, ou à 1h30 du centre -> 500£-600£ = chambre « single bed » de petite taille, ou mauvais chauffage, ou appartement mal restauré, ou humide, ou appartement décent mais éloigné du centre (+45 minutes de metro), aucun salon -> 600£-650£ = chambre « single bed « bien tenue, appartement bien équipé et propre, pas forcément très central, possibilité de salon -> 650£-700£ = chambre « single bed » ou « double bed » proche du centre, appartement bien équipé et propre, salon probable -> 700£-780£ = chambre « double bed » proche du centre, appartement bien équipé et propre, salon -> 780£-800£ = grande chambre « double bed », appartement bien équipé et propre, grand salon


Deux mois après mon arrivé j’ai découvert l’Est de Londres qui peut être à la fois très pauvre et extrêmement charmant en fonction de la distance avec la couronne centrale. Nouveau quartier, nouvelle maison, mes colocs étaient Indien, Colombien et Russe, trois étudiants en école de Management, Marketing et Finance. J’ai commencé à postuler dans des auberges de jeunesse parce qu’il me semblait que ce fut une bonne manière d’améliorer mon anglais de façon conséquente. Il m’a seulement fallu trois jours pour me faire embaucher en allant simplement demander au porte à porte si les établissements cherchaient du personnel. C’est là que je fus reçu au « Walrus ». J’ai rencontré des Brésiliens, des Coréens, des Américains, des Australiens, des Japonais et si l’envie me prend d’aller voyager au Costa Rica, au Brésil ou en Oregon, je suis le bienvenu.


En parallèle, je prenais des cours d’anglais le soir sur toute la période Septembre-Novembre. Dans ce même temps j’organisais des distributions de denrées alimentaires aux personnes sans-abris avec l’association FoodCycle de la LSE (London School of Economics). Des conférences étaient régulièrement réalisées comme celle de David Gauke, Secrétaire d'État à la Justice au sujet de «La sécurité sociale: de Beveridge à la 4ème Révolution Industrielle». Nous avons bien besoin nous Icessiens de voir des modèles de réflexions différents, je pense que c’est important pour comprendre le monde. Il est important de renouveler des expériences comme celles proposées en Sciences Politiques lors des semestres Erasmus à l’étranger, qui au passage devraient être considérés par les étudiants comme une expérience culturelle et pas juste comme une expérience étudiante faite de soirées et d’approximation scolaire. En tout cas, n’hésitez pas à vous renseigner auprès de la LSE, si vous souhaitez étudier dans une école reconnue au niveau européen, car c’est une mine d’or tant en économie/finance, qu’en sciences sociales ou en relations internationales. D’ailleurs Thomas Piketty, John Fitzgerald Kennedy et Etienne Uzac sont tous trois passés par là. Il faudra compter environ 10 000 à 44 000€ pour une année selon les parcours. Grand nombre d’étudiants s’endettent donc forcément à ce prix-là.





Une fois revenu des vacances de Noel, j’ai de nouveau déménagé pour m’installer temporairement à Richmond dans un petit havre de paix qui me permis de me focaliser sur mon objectif premier : trouver un emploi enrichissant et valorisable. Après 1 mois de recherche, 5-6 entretiens, j’ai trouvé la boite que je souhaitais, à taille humaine, joviale, quasi familiale et suis devenu Chasseur de tête dans la tech, l’eldorado des capitales. Mon responsable était Italien, très agréable, le sens du business mais aussi du contact. Avec un meilleur salaire j’ai de nouveau déménagé, plus proche de mon travail, dans un magnifique appartement que nous partagions, parce que oui, il n’existe pas de marché pour les studios, ce sont des collocations partout et à tout âge. Tout proche des quartiers d’affaires de la City, j’avais le plus beau quartier du monde à portée de main : Shoreditch. Toutes les activités et évènements tendances ont lieu dans ce quartier. Friperies, bars cubains, rock, techno, piano bars, jazz bars, minigolf souterrain, bar/containers, restaurants thaï branché, salles de sport ouvertes 24/24, parcs, vernissages, de même que les supermarchés où l’on passe aux caisses automatiques à 23h45.







La culture hétéroclite de la capitale


A Londres on se confronte à une diversité et une multi-culturalité incroyable. Je me suis même fait inviter à venir prier à la Mosquée. Comment comprendre un monde que l’on rejette ? J’ai fait le choix d’y aller confiant mais lucide. Aie confiance autant que tu ne te méfies et jamais tu ne seras surpris. J’ai en effet eu la chance d’étudier 3 ans à l’ICES comme politiste, c’est une université formidable même si on ne s’en rend pas toujours compte lorsqu’on y est. Si vous sortez du cadre Icessiens vous vous rendrez vite compte de toutes les bases sociales et intellectuelles acquises dont d’autres n’ont jamais entendu parler : responsabilité, éthique, égalité, ou pire, qu’ils utilisent à tort et travers certaines notions en leur donnant des définitions toutes aussi curieuses les unes que les autres, comme ce peut être le cas avec les termes « laïcité » ou « liberté ». En sortant de l’ICES vous aurez tous une bonne dose de recul et de maturité sur le monde qui nous entoure, comparé à beaucoup de gens, sachez-le. L’enseignement y est de très bonne qualité malgré parfois un manque de concret. Pour finir, dans le cadre d’une école comme à l’ICES, on est entouré de personnes similaires, on se ressemble tous un peu sur tout un tas de chose, je vous invite donc à aller à l’étranger pour comprendre le monde et vous forger avec des personnes brillantes et différentes, ailleurs. L’Angleterre se trouve de l’autre côté de la Manche, et on y trouve rapidement une toute nouvelle culture.


Maxime Le Guyader

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