top of page

BANKOK

Dernière mise à jour : 3 déc. 2018




En choisissant l’ICES, je faisais le choix de la possibilité de partir un semestre à l’étranger au cours de ma troisième année, c’est ce qui m’a profondément séduit dans mon cursus. La diversité des partenariats de l’ICES est une vraie richesse. Je souhaitais partir dans un pays où les cours me seraient dispensés en anglais, hors de l’Europe. J’avais alors de nombreux choix et je me suis arrêtée sur la Thaïlande et Assumption University à Bangkok, un peu au hasard finalement. C’est une fois la destination choisie, que j’ai pris conscience de mon départ, seule, à 20 ans, dans un pays étranger asiatique pour 6 mois. C’est alors que j’ai reçu de nombreux encouragements et avis très positifs sur la Thaïlande et Bangkok, ce qui m’a bien motivé à partir. Grâce à un ami parti étudier à Bangkok deux ans plus tôt, j’ai été mise en contact avec Feefie, une jeune fille thaïe, qui m’a accueillie dès mon arrivée sur le sol asiatique avec toute sa famille. Ce sont eux qui m’ont accompagnée dans mes dé- marches pour trouver un logement et qui m’ont fait visiter la ville les premiers jours. Heureuse- ment qu’ils étaient là car le dépaysement est immense ! En trois décennies, Bangkok est devenue l’une des mégalopoles les plus influentes d’Asie. Plus de 15 millions de personnes, soit un tiers de la population thaïe, vivent au sein de la capitale, faisant de cette ville une cité trépidante au rythme effrénée ! Tous mes sens ont été assaillis par ces premiers jours à Bangkok : une ville surdimensionnée, du bruit inimaginable à toutes heures du jour et de la nuit, une chaleur étouffante, des fous du volant sur les routes, des quartiers grouillants de personnes dès l’aube du jour, des odeurs nauséabondes au tournant des rues, des épices attaquant l’estomac, le temps de l’inculturation commence !


Dès mon arrivée, j’ai commencé cours à Assumption University, une des premières universités privées de Thaï- lande, créée en 1969 par les Frères Montfor- tains de Saint-Gabriel. Cet établissement est très réputé chez la jeunesse aisée thaïlandaise, par l’enseignement de tous ses cours en anglais. J’ai rejoint un MBA avec une majorité d’étudiants asiatiques, venant de divers pays : Birmanie, Vietnam, Cambodge, Chine, Japon, Indonésie, Thaïlande, beaucoup d’indiens également et une petite dizaine d’étudiants français. J’ai eu la chance d’avoir un emploi du temps léger, me demandant néan- moins un plus grand investissement dans mon travail personnel de par les nombreux travaux de groupe demandés. Je n’étais pas habituée à travailler en groupe à l’ICES, encore moins avec des nationalités différentes et c’est réellement lors de ces travaux que j’ai le plus appris. Mé- langer dans un groupe de travail de 6 personnes, six nationalités, trois continents, et autant de façon de travailler, est un beau challenge, qui demande une grande patience, une importante tolérance et un lâcher-prise constant, ce qui est une ressource essentielle dans la suite de mes études aujourd’hui. La qualité des enseignements et le professionnalisme des enseignants a été très enrichissant dans mon parcours juridique et économique. Les cours à l’université ont également été l’occasion pour nous, français, de témoigner de ce que l’on pouvait vivre dans nos universités, à la fois dans nos formations universitaires et dans nos vies d’étudiants. Nombreux sont les préjugés sur les français que j’ai pu entendre en voyageant, certains s’avérant malheureusement vrais. Une des missions que j’ai pu vivre à Bangkok a alors pu être d’essayer de ne pas me comporter comme les français dont les thaïs pouvaient avoir l’image : agressivité, fierté, désintéressement. Cela passait par de petits efforts tout simples, mais qui m’a plusieurs fois permis d’avoir de belles discussions avec mes camarades sur nos différences et nos richesses culturelles. A côté des cours, la vie à Bangkok est d’une richesse incroyable : des temples superbes aux quatre coins de la ville, des musées grandioses, des quartiers grouillants de vie, des marchés couverts, des balades en barques hors du temps, des centres commerciaux modernes surdimensionnés, des restaurants d’une diversité inimaginable, des rooftops impressionnants, une vie nocturne animée, etc., Bangkok porte bien son nom de Cité des Anges sans limites...


La Thaïlande est aujourd’hui un pays phare pour les touristes et les expatriés, qui viennent y rechercher un cadre de vie hors du commun, une simplicité de vie indéniable, un coût de la vie environ 5 fois moins cher qu’en France, une météo exotique. J’ai eu la chance de beaucoup voyager pendant ces 6 mois en Thaïlande que ce soit pendant mes weekends, ou pendant mes semaines. Loin d’être rebutée par les 10 heures de bus qui ont pu m’emmener de jour comme de nuit, à l’autre bout du pays, j’ai pu ainsi découvrir à très bas prix, l’ensemble de ce magnifique pays ! Du Sud du pays avec ses îles paradisiaques bien connues telles que Koh Tao, Koh Phi Phi ou Phuket, à des îles moins connues des touristes et quasi désertiques comme Koh Kood et Koh Larn ; au Nord du pays avec les montagnes ombragées de Chiang Rai, découvertes lors d’un trek dans le triangle d’Or aux confins du Laos, du Myanmar et de la Thaïlande, avec la rencontre des karens, une minorité ethnique longtemps persécutée par la junte birmane ; la Thaïlande regorge de trésors.

J’ai été très marquée durant ces mois par la forte identité de ce pays : le Royaume de Siam n’a jamais été colonisé, contrairement à ses pays voisins. La Thaïlande a alors développé ses arts, sa culture, son alphabets propres, constitutifs aujourd’hui d’un profond sentiment national. Apprendre les rudiments du thaï, dans un alphabet, une prononciation et une sonorité complètement différents de notre langue, a été un facteur déterminant dans mon intégration. Impossible de me faire comprendre sans parler thaï dans les différents commerces m’entourant, lors de mes voyages, dans les discussions avec mes voisins, une vraie nécessité pour m’inculturer au plus proche de la population locale. C’est dans ces échanges nombreux avec les thaïs que j’ai pu saisir toute la beauté du peuple de Thaï- lande : un sens aigu des conventions sociales et de la politesse, beaucoup de pudeur aussi, un grand calme et une profonde dignité, une forte religiosité et une quasi-vénération pour la famille royale, un ensemble de valeurs que ce peuple est fier de porter et de revendiquer. La proximité de la Thaïlande avec ses pays voisins m’a permis de visiter le Cambodge, le Vietnam et l’Inde, trois séjours mémorables, vécus non pas en tant que française, mais en tant qu’étudiante en Thaïlande, un statut complètement différent aux yeux des locaux : leur fierté d’attirer des étudiants français n’a pas de prix ! N’hésitez pas un instant à faire le pas d’un échange universitaire, osez être séduits par une destination insolite, laissez-vous surprendre et transformer par cette expérience.


Estelle Pihery


Article paru dans la Ruche 2 — mai 2017

bottom of page