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DE LA CONTRE-CULTURE À LA CULTURE ALTERNATIVE UNE RÉVOLUTION AVORTÉE ?


A l’apogée de la culture masse, dans une société de de consommation massive où l'objet culturel est transformé en un loisir, un mouvement culturel; « culture alternative » se développe. En opposition à l'industrie culturelle, ce mouvement se place à l'écart des médias de masse, voire en marge de la société et détruit ce qu’Hannah Arendt appelle la culture utilitariste.


Histoire


Dès 1961, Arendt analyse une crise de la culture, elle réagit en expliquant ce que devrait être le rapport plus approprié à la culture. Autrement dit, être cultivé suppose de s'intéresser à l'art ni comme à un objet de consommation ni comme à un objet de savoir, mais d'une manière politique en étant : « quelqu'un qui sait choisir ses compagnons parmi les hommes, les choses, les pensées, dans le présent comme dans le passé. »


Née aux États-Unis d'Amérique dans les années soixante, la contre-culture émane de tensions générationnelles vis-à-vis de la guerre du Viêt Nam, de l’anti-nucléaire, des relations raciales, des mœurs sexuelles, des droits des femmes, de l'autorité, des drogues et des inter- prétations du rêve américain. Elle s’affirme avec la montée de la culture hippie et s’exporte en Grande-Bretagne a travers de la pop des Beatles. La musique anglo-saxonne impacte fortement le mouvement et lui permet de se répandre dans la plus grande partie du monde occidental entre 1960 et 1975. Le premier symbole de la contre-culture, née d’actes de désobéissance civile est celui de liberté conservée par la culture hippie. Hannah Arendt explique ces tensions générationnelles par une crise de l’éducation.





La fin de la culture uniforme ?


La culture alternative s’inscrit d’après Hannah Arendt comme une réaction face à l’éducation. Ces réactions, avec les générations successives depuis les années soixante sont devenues « acceptables » pour une grande partie des sociétés occiden- tales. Cette évolution est flagrante à travers la musique mais aussi la peinture. Peut-on dire que le métal est aujourd’hui un style musical socialement réprimé? Pourtant à ses débuts alors qu’il n’était que du heavy Metal, c’était le cas. Cet exemple est valable pour beaucoup d’autres composantes de la culture contre-culture. Pour autant cela ne fait pas la victoire de la culture alternative. En réalité c’est la production de masse et grâce à l'industrie culturelle que ces fragments de l’underground sont devenus objets de consommation. Le message politique est plus faible et cette commercialisation va à l’encontre des principes de la culture alternative.


L’apprentissage strict d’une méthode, le pragmatisme et le manque d’autonomie ont précipité la catastrophe éducative. Face à cette « autorité bien plus effrayante et vraiment tyran- nique » la jeunesse (comme les enfants) « à tendance à réagir soit par le conformisme, soit par la délinquance, et souvent par un mélange des deux ». La contre-culture devient l’expression d’un épuisement, d’une révolte face à une société conformiste et soumise à la consommation.


Dans son livre: du principe de l’art et de sa destination sociale, Proudhon explique que « L’art est appelé a concourir à la création du monde social ». La contre-culture est-il un moyen pour cette jeunesse de construire une nouvelle société avec pour culture celle née des années soixante?





La contre-culture va prendre un tout autre chemin pour devenir la culture alternative: une culture en marge de la société. La culture alternative est composée de critiques des normes sociales, des morales, l'organisation sociale, de la société en général et principalement celle de consommation. Cette cul- ture se développe à travers des réseaux de diffusion alternatifs comme les squats (« musée alternatif »). Elle peine parfois à exister, réprimée par la société, jugée révoltante et non conforme. Cette insoumission à la culture uniforme l’a fait disparaître des propositions culturelles socialement acceptées. Pourtant de plus en plus de lieux de culture alternative se développent, Berlin en étant la capitale. Née d’intérêt politique, la contre-culture devenue culture alternative n’a pas perdu ses origines. Exprimant ses idéaux et ses principes de révolte non plus qu’à travers la musique mais par la littérature, le cinéma, les performances, la peinture, la sculpture, la mode ou toutes autres formes d’expressions artistiques. L’emprise d’internet sur la société a permis une large diffusion et de toucher sensiblement la jeunesse qui l’accepte de plus en plus.


La notion de contre-culture ou culture alternative à un sens plus large. En réalité il y aura toujours une contre-culture tant que la culture existe. Ce phénomène est peut-être tout simplement cyclique et l’expression de la modernité. Tout d’abord l’art est en contradiction avec la majorité, puis il est adopté par la population, il est démocratisé avant d’être commercialisé.



Pour aller plus loin :

- Hannah Arendt, La Crise de la culture

- https://www.enlargeyourparis.fr/berlin-capitale-mondiale-de-la-culture-alternative

-  https://research.google.com/bigpicture/music/#METAL

- https://www.lesinrocks.com/2015/12/10/musique/rone-lunderground-est-devenu-un-mythe-11792769/

-  http://www.59rivoli.org/qui-nous-sommes/


Alexandre Pelluau

Article paru dans la Ruche 7 - janvier 2019

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