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LE CHAMP DE BATAILLE YÉMÉNITE

Dernière mise à jour : 3 déc. 2018




Le Yémen est actuellement en train de vivre la pire crise humanitaire de la planète selon la directrice d’Acted pour le Yémen. Les derniers chiffres indiquent que 21 millions de personnes sont en besoin d’aide humanitaire dont 10 millions en urgence.

Afin de de cerner l’ampleur du problème actuel, il convient de rappeler que le Yémen du Nord (Etat indépendant depuis la fin de l’Empire Ottoman), et le Yémen du Sud (ancien protectorat britannique lui aussi indépendant depuis 1967), ont fusionné en 1990 pour former l’actuel Yémen. Durant 20 ans, le territoire yéménite fut un champ de bataille impliquant les indépendantistes venant du Sud, le gouvernement au Nord, l’Arabie Saoudite et la population civile. Les événements actuels trouvent leur source en 2011, lorsqu’une série de manifestations populaires dues au printemps arabe contraint à la démission le président Ali Abdallah Saleh. Un gouvernement de transition se retrouve au pouvoir avec à sa tête Hadi, ancien premier ministre de Saleh.


En Septembre 2014, les Houthistes venant de Saada et rejetant le nouveau pouvoir en place se rebellent contre Hadi alors au pouvoir. Ils envahissent Sanaa, la capitale du Yémen. Avec l’aide des fidèles de l’ancien Président Saleh, la rébellion s’empare de la totalité de la partie ouest du Yémen en quelques mois et menace le grand port d’Aden au Sud, infrastructure vitale car le pays désertique dépend à 90 % des importations pour se nourrir.


En mars 2015, le dirigeant officiel du pays, Hadi, est contraint de se réfugier en Arabie Saoudite. Riyad voit alors dans le Yémen une menace potentielle car le gouvernement rebelle passe des accords avec l’Iran, le vieil ennemi régional de l’Arabie Saoudite. Ces derniers, sous le commandement de Mohammed Ben Salman, décident d’intervenir au Yémen au moyen d’une opération militaire prévue pour durer quelques semaines nommée « Tempête Décisive » qui réunit une coalition de pays arabes sunnites tels que l’Egypte, le Soudan, la Jordanie ou encore le Qatar. L’objectif annoncé est de « défendre le gouvernement légitime du Président Hadi contre une prise de pouvoir par les rebelles ». L’ONU vote une résolution appuyant l’action de cette coalition et les Etats-Unis participent activement à l’opération en fournissant des renseignements. Le conflit s’enlise et le nombre d’acteurs impliqués augmente avec le temps. Les Houthistes restent attachés au pouvoir à Sanaa tandis qu’un mouvement séparatiste provoque des tensions au Sud du pays. Depuis sa réunification le pays est en proie à un déchirement interne entre les populations du nord et du sud, et le conflit ouvert avec la coalition a favorisé l’audace des indépendantistes. Depuis 2014, la situation du pays devient critique, les belligérants provoquant des désastres humanitaires parmi la population.


Les bombardements continus de l’Arabie Saoudite détruisent des infrastructures, laissant des milliers de personnes sans logement ni accès à la nourriture. Le gouvernement en exil n’hésite pas à bombarder également les positions rebelles au prix de dommages collatéraux colossaux. Les rebelles n’ont pas plus d’égard pour les civils que leurs protagonistes, semant des mines à travers le pays et bombardant les villes du Sud indépendantistes. Comme dans la plupart des conflits la population civile est la plus largement touchée par les combats. Seuls 6 millions d’habitants sur les 27 millions ont aujourd’hui accès à l’eau potable et la nourriture sans aide. L’avenir du pays est menacé, d’autant plus que début 2018, un rapport d’experts de l’ONU indiquait que le Yémen en tant qu’Etat avait quasiment cessé d’exister.


Lucien Chaya Podeur

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