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UN ARTISTE EST-IL PLUS RENTABLE LORSQU’IL EST MORT ?


De Johnny Hallyday à Charles Aznavour en passant par France Gall, ces monuments populaires de la chanson française connus pour leurs millions de disques écoulés durant leur carrière continuent à vendre après leur mort. La musique est un marché qui ne s’arrête pas à la mort d’un artiste. C’est alors une façon d’entretenir le mythe et le business.



Comment expliquer ce paradoxe ? Constitue-t-il une aubaine pour les auditeurs, commerçants et l’industrie musicale en générale ?


La disparition de nombreux artistes suscite une nos- talgie que les ayants-droits et l’industrie du disque n’hésitent pas à entretenir. C’est l’occasion pour eux de rééditer des al- bums, de faire des compilations de chansons, d’éditer des titres posthumes mais encore de bénéficier de la vente d’arti- cles dérivés. Dans un autre registre, ce sont les sosies officiels qui semblent bénéficier de la situation. L’artiste paraît prendre de la valeur dès sa mort.


C’est en effet l’engouement au lendemain de la mort d’un artiste qui est étonnant. Pour les uns, c’est un moyen de faire son deuil, de rendre un dernier hommage ou tout sim- plement le fait qu’on commence à apprécier un chanteur à force d’entendre ses musiques en boucle à la radio dès l’an- nonce de sa mort. Pour les fans, c’est en effet le moyen d’en- tretenir le souvenir après la mort de l’artiste.


Du coté des maisons de disques, il y aurait ici une optique d’enrichissement sur le dos du défunt. Il est d’ailleurs possible d’y voir une forme d’hypocrisie et de cynisme de la part des commerçants. En effet, dès l’annonce du cancer de Johnny Hallyday, l’industrie musicale avait en prévision de la disparition du chanteur préparée des compilations et des rééditions de ses albums. Une réelle stratégie commerciale avait alors été mise en place pour le jour où il disparaitrait. L’intérêt était de pouvoir répondre à la demande des fans. Ce rebond de la demande, les maisons de disques et les distributeurs ne veulent pas le rater.


La carrière posthume de l’artiste est alors rythmée par ses anniversaires de décès. Jean-Pierre Pasqualini, di- recteur de la rédaction de la revue Platine explique que « les maisons de disques font leurs années en fonction des hom- mages ». Ainsi, le disque le plus attendu de l’année était celui de l’album posthume de Johnny Hallyday. Le business ne s’embarrasse pas des sentiments, près de 800 000 disques ont été mis en rayon dans le commerce pour l’occasion.


Finalement, ce ne sont pas moins de 300 000 exemplaires de « Mon pays c’est l’amour » qui ont déjà été vendus ce vendredi 19 octobre. La société de consommation continue de vivre, elle. Au regard de ce démarrage en flèche, ce nouvel album pourrait devenir le plus gros succès commercial de Johnny Hallyday.


Par ailleurs, de nombreux artistes sont devenus de réelles icônes à partir de leur mort. C’est le cas de Claude François qui a vendu plus d’albums après sa mort. Il en est de même pour Michel Colucci dit Coluche et Daniel Balavoine. En effet, pas un média n’hésite à faire de la publicité sur la tragédie de leur mort chaque année. C’est une façon de surfer sur la nostalgie des fans en créant l’évènement avec le passé explique Fabien Lecoeuvre, s’occupant notamment de l’image de Claude François.

Un réel business profitant tant aux maisons de disques, com- merciaux et familles des défunts.


Céline Samper

Article paru dans la Ruche 7 - janvier 2019

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