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VERS LA FIN DE LA PETITE MONNAIE ?


Elles encombrent nos porte-monnaies, ont une valeur moindre que leur coûts de production et représen- tent une perte de temps à la caisse quand on paye avec, les petites pièces de monnaie sont- elles indispensables ?


Il y a 3 ans, la question avait été posée de les faire disparaître, en vain. Si ce n'est pour payer à la boulangerie du coin ou pour la campagne de collecte du Téléthon, la dématérialisa- tion du paiement grâce aux cartes de crédit rend quelque peu dépassé l'utili- sation de ces petites pièces.


Depuis 2002, la Commission européenne estime que les pièces de 1 et 2 centimes ont coûté environ 1,4 milliards d'euros de plus à produire que leur valeur faciale. Les Pays-Bas ont d'ores et déjà cessé la production de ces pièces pour l'économie interne mais continuent de battre monnaie pour ses voisins. L'Irlande, quant à elle, a entamé une politique de disparition de ce que l'on appelle familièrement la "petite ferraille" en incitant les commerçants à afficher des prix ronds.





Qu’en est-il pour la France?

Ce sont naturellement nos aînés qui sont davantage attachés à la monnaie métallique alors que les plus jeunes préfèrent la carte bancaire, le téléphone et ses applications de paiements (Ipay chez Apple) ou mieux encore, le bitcoin.

Il n'est pas rare d'être agacé par la «vieille dame», juste devant vous à la boulangerie, qui vient tous les jours à la même heure (généralement aux heures d’affluence) pour acheter sa demi-baguette et une part de quiche Lorraine. Cette même dame qui insis- tera absolument pour donner l'appoint à une caissière plus ou moins patiente et créera un file d'attente interminable. Cet exemple caricatural mais que chacun a déjà vécu au moins une fois dans sa vie montre bien le côté « perte de temps », peu compatible avec une so- ciété dite de « l’immédiateté". Il est encore trop tôt pour se prononcer sur les effets qu'une telle mesure aura sur l'économie française. Néanmoins, en ce qui concerne nos voisins européens, la mesure ne semble pas se confronter à une opposition des plus fortes. En effet, l'affichage des prix serait moins contraignant et ridicule sans des stratégies marketing et psychologiques visant à déterminer un produit quelconque un centime en deçà d'un prix fixe. Qui n'a jamais trouvé inutile le fait de payer un livre 19,99€.


Le Comité d’Action Publique (ou CAP 22), sur demande du Premier Ministre Edouard Philippe, s’interroge sur des mesures pour réduire les dépenses publiques et moderniser le service public. Parmi les propositions figurent notamment la suppression des pièces de 1, 2 et 5 centimes. Cette mesure aura pour objectif secondaire de lutter contre la fraude fiscale et de généraliser la dématérialisation des paiements. Face à ces projets, des voix s’élèvent déjà et des associations de consommateurs (dont UFC-Que Choisir) s’offusquent en prétendant une volonté subtile du gouvernement pour pratiquer une politique inflationniste.


En conclusion, de peur de s’attirer les foudres de ces derniers, un statu quo s’installe. Les petites pièces rouges semblent avoir encore quelques années devant elles. Le fardeau des commerçants et des con- sommateurs n’est pour l’instant pas prêt de cesser. Pourtant, pourquoi continuer à produire des pièces de 1 centime qui coûtent 1,2 centime à la créa- tion. Mais pour lors, c’est au tour du billet de 500€ d’être sur la sellette. En 2016, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu’elle cessera de produire et d’émettre des billets de 500€ en 2018. Beaucoup ne se sen- tiront pas vraiment concernés par cette mesure destinée à la lutte contre les activités illicites.


Ludovic Erduale

Article paru dans la Ruche 7 - Janvier 2019

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